Une vie en échange, Lorraine Fouchet

Présentation de l’éditeur

Les deux êtres que vous aimez le plus au monde sont en danger de mort. Vous avez le pouvoir d’en sauver un. Un seul. Lequel choisissez-vous ?

Un soir, Silvia, la jeune patronne du restaurant parisien Amore & Pasta, sauve une cliente en train de s’étouffer en dégustant ses pâtes. Le lendemain, en venant la remercier, la cliente rescapée lui demande qui elle aime le plus au monde. Silvia pense à son père, Jacopo, et à son amoureux, Julian, mais ne répond pas. Pourtant, la cliente psychanalyste de profession réagit comme si elle avait distinctement prononcé leurs deux noms et lui annonce qu’ils sont tous les deux en sursis. En ajoutant que, pour l’avoir sauvée, Silvia a « gagné une vie en échange », et peut donc choisir lequel des deux sera épargné... Silvia la prend pour une folle et refuse de l’écouter. Mais, le soir même, son père et son amoureux se trouvent tous les deux en danger de mort. La menace était donc bien réelle. Et il reste à Silvia deux jours pour choisir...

Une comédie romantique pleine de rebondissements, à la lisière du fantastique.

Mon avis

Bien plus enlevé qu’il n’y parait, ce roman traite de manière légère la culpabilité d’une femme qui n’a pas réussi à surmonter le décès de sa mère, Maria et qui s’en tient pour responsable en partie.

Silvia est une jeune femme de 25 ans, d’origine italienne, dont le père, Jacopo, tient un restaurant proposant des plats de pâtes réalisés sur-mesure pour les clients en couple. Depuis la mort de Maria, Jacopo ne parle plus en public et est devenu un alcoolique, repenti maintenant. Mais le vide s’est installé durablement dans le cœur de sa famille, l’espace étant représenté physiquement par la table n°1 qui n’est jamais occupée, à part Gorgonzola, le chien de Silvia, à ses pieds. L’existence de Silvia tourne autour de l’amour de la nourriture, du restaurant familial et de son père. Cet équilibre est mis en péril par la rencontre avec Julian, jeune critique littéraire britannique qui s’est juré de faire le tour d’Europe en en restant que 6 mois dans un même endroit. Leur liaison durable et passionnée vacille dangereusement lorsque Julian doit bientôt partir à Venise. Silvia doute et hésite entre son amour pour Julian et son devoir envers Jacopo. Cette hésitation, ce déchirement est illustré par l’étrange déclaration de Gena, une psychologue aussi étrange que terrifiante.

Ce postulat de départ mis en place, une série de situations aussi délirantes que dramatiques se déchaîne contre Silvia qui vit des moments réellement cauchemardesques tout en ne distinguant plus le rêve de la réalité. Les journées s’enchaînent et se répètent tout en laissant entrevoir un avenir de plus en plus effrayant, poussant Silvia à prendre une décision irrémédiable et tragique.

Mais la légèreté est toujours présente grâce à la galerie de personnages aux caractères originaux et à la sympathie manifeste. Cette chaleureuse bande d’habitués du restaurant se retrouve pratiquement tous les soirs, à l’exception des jours de fermeture, et forme un véritable groupe d’amis qui s’entraident, se racontent peu à peu leur vie et partagent les moments de bonheur comme les coups durs. Chaque protagoniste a un passé lourd à porter et une histoire qui n’est jamais facile mais chacun puise le courage et la volonté de s’en sortir grâce aux autres. Avec Silvia, Jacopo et Julian, il y a Tom, le client américain aveugle qui refuse de parler de son état, Raffaela, l’aristocrate italienne venue retrouver un ancien amour de jeunesse et Gena, la mystérieuse psychologue qui va faire basculer la vie de Silvia.

Récit court et aisé à lire, il ne souffre d’aucun temps mort, l’amour et la générosité caractéristiques de ce que la pensée commune attribue à l’Italie débordant et rayonnant de l’ouvrage. Une bien sympathique histoire qui ne se prend pas au sérieux mais qui traite de questions personnelles très intéressantes.

Une vie en échange