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Le monde de Francesca
30 avril 2008

Company Man, Joseph Finder

Company_Man

Présentation de l'éditeur

Nick Conover est P.-D.G. d'une importante entreprise de meubles de bureau à Fenwick, dans le Michigan. A la suite de problèmes personnels et professionnels, il se voit contraint de céder sa société à une multinationale, et de licencier plus de 5 000 personnes. De patron respecté, il devient l'homme le plus haï de la ville, et ses ennuis commencent : trahisons, menaces, intimidations de toutes sortes et, pour finir, accusation de meurtre... Avec Company Man, Joseph Finder, l'auteur de Paranoïa, tire les ficelles d'une hallucinante machination et s'affirme comme le nouveau maître du "business thriller".

Mon avis

Joseph Finder a déjà 10 romans policiers à son actif et a commencé à faire son trou dans le monde des thrillers. J’avoue avoir eu une petite réticence en observant l’épaisseur inhabituelle du livre de poche : 692 pages à dévorer en un minimum de temps, tout en sachant que j’avais un délai imparti et une liste de livres à lire qui s’allonge de jour en jour. Et bien finalement, le pari est réussi, grandement facilité par la facilité de lecture du roman, je dois bien l’avouer. D’une grande fluidité, l’auteur a évité un style grandiloquent avec tournures de phrases à rallonge ou détails inutiles pour aller droit au but, malgré quelques longueurs que l’on peut bien pardonner étant donné la densité. Car l’auteur a su mener de manière efficace plusieurs intrigues en parallèle sans temps mort.

Nick Conover est le PDG de Stratton, une entreprise familiale qui est passée aux mains d’un fond d’investissement. Après le licenciement de 1500 personnes sur les 4000 salariés que compte la société, Nick est haï par toute la ville de Fenwick d’où viennent la quasi-totalité des emplois, et commence à subir des intrusions dans sa maison assorties de menaces jusqu’au meurtre de son chien. Pour Nick, la situation est d’autant plus intenable que sa femme Laura est morte depuis près d’un an et ses 2 enfants, Julia, 10 ans et Luke, 16 ans, lui donnent du fil à retordre. Devant mener de front une situation professionnelle où il est sur la sellette et une vie personnelle perturbante, il est sous pression et craque jusqu’à commettre l’irréparable. Débute pour lui un véritable cauchemar.

J’aurai pu faire un résumé encore plus long puisqu’il se passe énormément de choses dans ce livre, l’auteur prenant véritablement le temps de parcourir tous les méandres de chacune des intrigues, avec ce héros emblématique qui n’en est pas vraiment un. Homme débordé de tous les côtés, par son travail, ses amis, ses ennemis, sa famille, sa nouvelle amie, la police, il est complètement au bout du rouleau et passe à travers tous les comportements rationnels qu’on pourrait attendre d’un PDG qui a une vie aisée en apparence. En y regardant de plus près, toute son existence est un vaste champ de ruines depuis qu’il a perdu sa femme. Rongé par la culpabilité, il s’est retranché derrière son travail, s’éloignant de plus en plus de ses enfants, pour un résultat professionnel plus que mauvais. Le problème avec lui, c’est qu’il ne prend pas les décisions qui s’imposent et préfère laisser courir et remettre à plus tard, et ce dans tous les domaines. Il préfère se voiler la face plutôt que d’aller à l’affrontement. Par sa lâcheté et sa stupidité car il ne voit pas plus loin que le bout de son nez (ou plutôt d’une autre partie de son anatomie), les choses ne font que s’empirer et au bout du compte, il devrait se féliciter de subir un dénouement aussi heureux car il mériterait mille fois pire. Il se secoue un peu à la fin mais je n’ai pas manqué d’être souvent agacée tout le long du livre alors que certains actes auraient pu améliorer la situation.

A l’exception de ce héros, le suspense tient vraiment la route, les rouages d’une entreprise de taille moyenne face à la mondialisation galopante et ses conséquences sont décrits de manière brillante, de même que l’avidité de pouvoir de certaines hommes d’affaires qui font passer l’argent avant l’éthique. L’aspect psychologique est également mis en avant avec les effets de la dépression et des comportements cyclothymiques de quelques protagonistes de l’histoire. Dense et prenant, ce livre fera la bonheur de tous les amateurs de polars mettant en scène un homme traqué de toutes parts.

Company Man

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