Un chien du diable, Fabienne Ferrère

Présentation de l’éditeur

À la fin de l'année 1594, le roi Henri IV voit son pouvoir menacé et craint sans cesse que ne se rallument les guerres de religion entre catholiques et protestants. Aussi, lorsqu'un de ses espions disparaît alors qu'il était porteur d'une missive compromettante, et qu’Ambroise Roquebrune, huitième comte de Bleuse, est retrouvé crucifié dans une église de la ville de Rouen, la tension est à son comble. Le chancelier d’Henri IV charge alors un chevau-léger d’éclaircir cette affaire : Gilles Bayonne. Doté d’un caractère trempé comme l’acier de son épée et assisté de Pique-Lune, un gamin des rues, il comprend aussitôt que ce qui se trame à Rouen pourrait tout aussi bien lui valoir la faveur du roi que l'envoyer droit en enfer...

Mon avis

L’éternelle querelle entre catholiques et protestants est un sujet passionnant qui mériterait d’être approfondi. Il s’agit du point de départ de ce roman, avec un roi de France qui s’est converti au protestantisme et qui a rallié autant de partisans que de détracteurs à son encontre, déjouant complots et trahisons venant de toutes parts. Malheureusement, ce conflit n’est pratiquement plus abordé dans tout le texte, ce qui est fort dommage, mais cela n’enlève rien à la qualité de cette enquête historique et policière enlevée et remarquablement bien étoffée.

Gilles Bayonne est un chevau-léger, c’est-à-dire un soldat de la cavalerie de la garde des rois de France, faisant partie de la Maison du Roi, sous le règne d’Henri IV. Soldat sans titre de noblesse, il est entièrement au service du roi de France mais préfère s’engager dans une bataille plutôt que d’utiliser ses capacités intellectuelles tirées de son éducation pourtant très développée par rapport à la moyenne de l’époque. Lorsque Cheverny, le chancelier d’Henri IV l’envoie à Rouen afin de traquer l’assassin d’un comte catholique, Gilles accepte également la mission de retrouver celui qui a volé une missive secrète d’Henri IV très compromettante pour le roi de France. Mais il prend conscience rapidement que ce traitre serait selon toute vraisemblance son propre frère Renaud. Entre doutes quant à sa trahison et la consternation, Gilles est un peu perdu mais entend fermement mener ses missions à bien.

Le lecteur se ballade avec Gilles dans la ville de Rouen de l’époque, détaillant avec précision le mode de vie des habitants ainsi que leur manque déplorable d’hygiène caractéristique du Moyen-âge. Mais au-delà de l’intérêt urbanistique, l’ouvrage est un vrai roman policier avec ses filatures, ses pistes qui se réchauffent ou se refroidissent selon la progression de Gilles, ses suspects potentiels et bien évidemment ses morts qui s’accumulent, témoins susceptibles d’en savoir long sur l’assassin. Gilles est heureusement soutenu par 2 personnes qui l’assistent dans son enquête : Lucas Pellegry, ancien compagnon d’armes de Renaud et l’un de ses plus farouches défenseurs, et Pique-Lune, un gamin des rues vivant dans une sorte de Cour des Miracles et qui se dévoue corps et âme à Gilles, qui est devenu son maitre et bienfaiteur. Au fur et à mesure de l’enquête, les preuves s’accumulent contre Renaud et Gilles se met de plus en plus à douter de son frère, tout en se haïssant contre ce sentiment qui l’envahit malgré lui. Les trahisons s’enchainent, jusqu’à ce qu’il ne sache plus à qui se fier. Le final, très surprenant, remet toute l’intrigue à plat et permet d’avoir les explications nécessaires.

Un très bon roman policier très bien ficelé et construit et qui appelle à d’autres enquêtes de Gilles Bayonne, soldat d’Henri IV !

Un chien du diable