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Le monde de Francesca
1 juillet 2008

Stigmate, Jérôme Camut et Nathalie Hug

Stigmate

Présentation de l'éditeur

Quand les victimes d'un monstre fascinant et obscène se lancent sur les traces du prédateur qui a dévasté leur vie, elles ignorent qu'elle n'auront pour seules issues que la fuite, la mort ou... les voies de l'ombre.

"J'ai de l'amour pour mes chiens d'attaque. Certains il a fallu les tabasser, d'autres pas. il n'y a pas de règles. C'est ça l'extraordinaire chimie de la nature humaine. C'est passionnant. Approche-toi, ami voyeur. Et n'aie pas honte de ton vice. Viens pénétrer le monde d'un artiste du crime. Il est temps que je me présente et que j'offre ma réflexion à la multitude. Kurtz"

Jérôme Camut et Nathalie Hug replongent en plein cauchemar les principaux personnages de Prédation.

Mon avis

Cocorico, en ces temps de chauvinisme troublé par la défaite, commençons par le roman français, Stigmate, écrit à 4 mains par un couple. Si on veut faire un peu d’histoire, Jérôme Camut était un auteur assez reconnu de science-fiction avant de rencontrer celle qui sera sa compagne et sa co-auteur avec laquelle il se lance dans le polar. Cette tentative fut couronnée de succès puisqu’ils ont su se faire une place dans le monde du polar français. Là où ça se corse, c’est que Stigmate n’est pas un roman isolé. Eh oui, après nous avoir fait le coup avec Indélébile, les éditions du Livre de Poche ont récidivé en nous proposant le deuxième tome d’une série. Et pire encore, il s’agit du deuxième tome d’une trilogie, dont le premier, Prédation est déjà sorti en poche, et le troisième, Instinct, vient de sortir en juin en grand format. Alors coup marketing ou simple reconnaissance d’un couple d’auteurs médiatisés ? En tout cas, pour ma part, je n’ai pas cédé à la tentation, comme certains de mes collègues jurés, d’aller acheter Prédation et de le lire avant Stigmate. J’ai refusé par principe, tout comme je n’achèterai pas Instinct.

J’avais rencontré Jérôme Camut et Nathalie Hug au Salon du Livre. A les voir et les entendre, on ne s’imaginerait pas qu’ils aient l’imagination aussi morbide et tordue ! Et pourtant, ils font partie de la vague d’écrivains de thrillers que j’affectionne particulièrement, parmi les Franck Thilliez, Maxime Chattam et autres Laurent Botti. J’ai l’impression de radoter en répétant cela, mais c’est la première fois depuis le début de ce Prix des Lecteurs qu’il m’est donné de lire un roman de ce calibre. Auparavant, j’avais eu droit à du policier fade, du roman psychologique ou du thriller urbain, mais jamais de ce courant de tueurs en série sanguinaires et machiavéliques dont on a l’impression qu’ils pourraient s’en sortir à la fin. Eh bien, je n’ai pas été déçue par ce récit, d’autant moins qu’on m’avait prévenu que je n’allais pas tout comprendre à cause des nombreuses références au tome précédent. Ce fut un tort puisque, bien évidemment, je n’avais pas l’histoire en mémoire, mais les explications ont été suffisantes et suffisamment précises pour ne pas ressentir de manque de ce côté, et pour bien suivre et comprendre l’intrigue qui se joue. Je préfère vous prévenir toutefois de ne pas lire ce qui va suivre pour ceux et celles qui souhaiteraient lire la trilogie dans l’ordre car il y a quelques spoilers dans ce que je vais raconter.

Kurtz, alias Olivier Lavergne, un tueur en série particulièrement cruel, est en fuite et terrorise encore ses victimes qui ont pu lui échapper. Alors qu’un nouveau commissaire reprend l’affaire, certains avides de vengeance se lancent également à sa poursuite, ne doutant pas un seul instant qu’ils pouvaient se retrouver une nouvelle fois dans un piège diabolique et mortel. Le début de l’histoire reprend juste après celle de Prédation mais je n’ai pas été désorientée comme je l’ai dit auparavant. Au lieu de ça, j’ai suivi, fascinée, le parcours d’un assassin mégalomane, ayant la folie des grandeurs, redoutablement intelligent et brutal. Cet assassin, Kurtz, est passé maître dans l’art des déguisements, de sorte qu’il est insaisissable et ne se montre que pour approcher sa future proie. Kurtz a écrit un manuscrit, Les Voies de l’Ombre, qui donne son nom à la trilogie d’ailleurs, dans lequel il crache sa haine, sa violence et sa xénophobie. Ce manuscrit est son fil conducteur, sa pensée développée, ce qui explique et guide ce qu’il fait. Nous en avons de nombreux passages au fil des chapitres, ce qui est assez intéressant pour pénétrer la tête du tueur. Le reste de l’intrigue se partage entre les actions de Kurtz, la traque de ce dernier par les forces de police d’un côté et par ses anciennes victimes de l’autre. Le style est nerveux et dur, les dialogues sont familiers et le rythme est soutenu.

Le seul reproche que je pourrai faire est le manque d’émotions profondes des personnages. Si je conçois cette absence du côté du tueur, cela devient moins compréhensible concernant les victimes pour lesquelles je n’ai pas réussi à ressentir une véritable empathie, alors qu’elles ont vécu de vraies horreurs. L’ensemble est donc peut-être un peu trop mécanique, à la manière d’un rouleau compresseur qui ne s’embarrassa pas de fioritures, mais je suis tellement ravie d’avoir lu un livre de ce genre que je ne fais pas la fine bouche. L’épilogue est d’ailleurs inhabituel, bien qu’assez prévisible, et inaugure un troisième et dernier tome passionnant. Néanmoins, je préfère en rester là, avec un final qui me satisfait car sans commune mesure avec les autres romans.

Stigmate

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