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Le monde de Francesca
6 février 2008

Le Prince de Lexington Avenue, James Sheehan

Le_Prince_de_Lexington_Avenue

Présentation de l'éditeur

Du New York des sixties aux bayous de Floride, un roman noir ambitieux, par un nouveau venu virtuose. Dans la lignée d'un John Grisham ou du Dennis Lehane de Mystic River, un poignant réquisitoire contre la peine de mort, doublé d'un hymne à l'amitié. Dans le quartier de Lexington Avenue, on ne connaît qu'eux, Jack et Mickey, les deux petites terreurs. Le premier est débrouillard et beau parleur, le second est timide et très déterminé. Inséparables, ils multiplient combines et menus larcins. Jusqu'au jour où les choses tournent mal. Mickey est arrêté, Jack s'arrange pour échapper à la prison. Entre eux, rien ne sera plus pareil...

Vingt ans plus tard, en Floride. Rudy Kelly, dix-neuf ans, est dans le couloir de la mort. Il est la dernière personne à avoir côtoyé une jeune femme que l'on a retrouvée sauvagement assassinée. Il est pauvre, métis, simple d'esprit : aux yeux du procureur et du chef de la police pressés de boucler l'enquête et d'obtenir de l'avancement, Rudy est le coupable idéal. C'est alors que Jack Tobin, brillant avocat, décide de se battre pour sauver le garçon de la chaise électrique. C'est une question d'éthique. C'est surtout l'occasion d'acquitter la dette qui le ronge depuis tant d'années, celle qu'il avait contractée envers Mickey, le père de Rudy...

Mon avis

C’est un roman coup de poing écrit par un auteur débutant puisque c’est son premier livre, mais également par un spécialiste du système judiciaire américain puisqu’il est avocat après avoir vécu une enfance modeste à New York. Ces différentes étapes de sa vie ont suffisamment marqué James Sheehan pour qu’il les utilise dans son récit à la fois poignant et implacable. Plusieurs histoires s’entremêlent dès le départ et le lecteur se retrouve happé dans l’intrigue jusqu’à ce que la vérité éclate et que les masques tombent. En lisant le résumé, le lecteur n’a aucune conscience des rouages d’une affaire judiciaire et de la manipulation qui se trame à chaque niveau, que ce soit d’un côté ou de l’autre, de sorte qu’il n’y a pas de manichéisme simplifié, bien au contraire, tous les coups sont permis pour gagner et remporter la partie. Cependant, il est tout de suite pris dans l’engrenage du récit.

Le point de départ de l’histoire est l’assassinat d’une femme à son domicile. Une affaire tristement banale en apparence si certains personnages ne s’en servaient pas pour leurs propres intérêts. A partir de là va s’enclencher une terrible mécanique qui enverra un innocent à la chaise électrique. Je dis bien un innocent puisque la vérité est révélée dès le début, ôtant le moindre doute au lecteur à ce sujet. Ce qui a intéressé l’auteur, ce n’est donc pas le doute concernant la culpabilité du suspect numéro un sur lequel s’acharnent aussi bien le ministère public que les médias, mais le lent processus d’un procès qui est décortiqué dans toutes ses étapes avec le travail réalisé par le procureur ainsi que l’avocat de la défense. Ce faisant, c’est tout le système judiciaire qui est révélé avec tout ce qu’il comporte de failles, d’oublis et d’aspects peu reluisants qui se cachent sous la belle théorie de l’équité en matière de justice. Les questions d’argent et de pouvoir prédominent sur la recherche de la vérité et le lecteur ne peut s’empêcher d’être profondément indigné par les manœuvres bassement intéressées qui sont faites en coulisses, sans tenir compte que la vie d’un être humain est en jeu.

En lien avec cette sombre et triste affaire se joue une autre affaire, cette fois-ci plus personnelle pour Jack Tobin, autrefois appelé Johnny. Avec son meilleur ami Mickey, il formait un duo de gamins inséparables qui faisait les 400 coups. Cependant, il manquait de confiance en lui et était protégé par Mickey. Le surnom de « Prince de Lexington Avenue » est d’ailleurs symbolique et lourd de significations sur leur enfance. Après une bêtise qui a mal tourné, celui qui est devenu Jack, qui est sorti de la misère et qui s’est construit une vie aisée est rongé par la culpabilité et tient une chance de  rédemption en tentant de sauver Rudy. Il y risquera son mental et sa vie mais fera des rencontres inoubliables.

Cette course à la vérité n’est pas la plus importante, la descente aux enfers de Rudy étant davantage développée avec une force et un style qui rend d’autant plus le lecteur sensible au sort de ce garçon qui ne comprend pas ce qui lui arrive mais qui est condamné d’office. D’espoirs en déceptions, de décisions en désillusions, la chute en est d’autant plus dure à chaque fois, laissant le lecteur groggy mais toujours accroché à la moindre attente, au moindre rai de lumière qui pourrait sortir de cette mascarade. Les rebondissements sont multiples, donnant l’impression que l’horreur de la réalité est sans fond et que le bien est une notion fragile et inatteignable. James Sheehan ne cherche pas à exagérer les choses ni à en enjoliver d’autres, la lumière froide et crue de la réalité étant révélée de façon brusque pour nous faire prendre conscience que la justice n’est pas parfaite ni équitable. L’épilogue est à cette image, il n’y a pas de fin idyllique pour tout le monde. Certains s’en sortent bien, d’autres moins, la vie étant ainsi faite qu’elle n’est pas toujours juste pour chacun.

A cette lecture, le débat sur la peine de mort est évidemment soulevé de nouveau et présent dans nos esprits. Si en France, l’interdiction de la peine de mort est inscrite dans la Constitution nationale, la situation est diamétralement opposée aux Etats-Unis comme chacun sait. Pour ou contre, la réalité des statistiques ne peut être contestée : des innocents attendent encore aujourd’hui dans les couloirs de la mort américains. Quoiqu’il en soit, vous ne sortirez pas indemnes de ce livre et c’est tout le mérite de ce roman. L’auteur réussit en plus à caser plusieurs histoires d’amour entre les menaces de mort et la corruption active, ce qui est un véritable tour de force et je ne puis que m’en réjouir !

Pour un premier essai, James Sheehan a signé une réussite digne des maîtres du genre, John Grisham en tête, et ne va sûrement pas s’arrêter en si bon chemin ! Un auteur à suivre.

Le Prince de Lexington Avenue

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