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Le monde de Francesca
1 avril 2008

Sur ma peau, Gillian Flynn

Sur_ma_peau

Présentation de l'éditeur

La ville de Wind Gap dans le Missouri est sous le choc : une petite fille a disparu. Déjà, l'été dernier, une enfant avait été sauvagement assassinée... Une jeune journaliste, Camille Preak, se rend sur place pour couvrir l'affaire. Elle-même a grandi à Wind Gap. Mais pour Camille, retourner à Wind Gap, c'est réveiller de douloureux souvenirs. A l'adolescence, incapable de supporter la folie de sa mère, Camille a gravé sur sa peau les souffrances qu'elle n'a pu exprimer. Son corps n'est qu'un entrelacs de cicatrices... On retrouve bientôt le cadavre de la fillette. Très vite, Camille comprend qu'elle doit puiser en elle la force d'affronter la tragédie de son enfance si elle veut découvrir la vérité...

Mon avis

J’ai commencé par Sur ma peau de Gillian Flynn, auteur inconnu pour qui c’est son premier roman datant de 2006. La couverture, toute de noire vêtue avec en relief ce qui semble être une lame de rasoir,  m’a plu d’emblée, de même que le résumé où il est question d’héroïne vulnérable et au mal-être flagrant. Et bien, je n’ai pas du tout été déçue par ce texte vraiment très original, écrit à la première personne, du point de vue de l’héroïne, Camille, qui permet de tout connaître de ses peurs, ses doutes, son besoin de se faire mal. Cette constatation peut paraître cliché, on pourrait le dire pour tous les récits à la première personne, mais ici c’est d’autant plus flagrant qu’on est complètement immergée dans ses pensées, au point de ne pas comprendre dès le départ que Camille s’est automutilée et qu’elle en garde des séquelles terribles, autant physiques que psychologiques. Au fur et à mesure qu’elle nous raconte son passé, j’ai ressenti ses souffrances et j’ai eu des picotements aux endroits du corps qu’elle décrit, où dansent des mots qui sont gravés dans sa chair. Autant dire que l’histoire m’a vraiment rendue mal à l’aise mais je n’ai pas pu m’empêcher de le dévorer jusqu’au bout. Car au-delà de cette souffrance qui s’exprime à travers les cicatrices, l’ambiance de toute l’intrigue est étouffante, voire nauséabonde.

Camille, le personnage principal donc, est journaliste et revient à Wind Gap, sa ville natale, couvrir l’enquête sur le meurtre de petites filles de la région. Elle retrouve sa mère Adora, son beau-père Alan et sa demi-sœur Amma. Cette famille a vécu une tragédie à la suite de la mort de Marian, la sœur de Camille, évènement dramatique qui a entrainé une puissante envie de destruction chez Camille. Toute son adolescence a été une succession de fêtes imbibées d’alcool et de drogues, de garçons et d’automutilation. A cela s’ajoute une mère froide et peu aimante, sauf lorsqu’elle était malade… Rien d’étonnant à ce qu’elle soit partie. Et à son retour, elle comprend rapidement que rien n’a changé.

On baigne tout de suite dans une atmosphère où les femmes ont toutes le mauvais rôle, les garçons n’étant pas en reste. Garces, s’envoyant en l’air avec tout le monde, alcooliques, droguées, langues de vipère ou mères n’aimant pas ses enfants ou les aimant trop justement, toutes les femmes de l’histoire sont mauvaises, à une échelle plus ou moins importante, la palme revenant aux adolescentes, qui, à 13 ans, ont déjà une perversité que seules les femmes fatales dotées d’un esprit méchant peuvent posséder. Ca pourrait être drôle si l’auteur avait choisi de traiter cela sur un ton humoristique. Mais non, tout n’est que noirceur absolue et esprits torturés, de sorte que même si on comprend que certains personnages sont vraiment malades, aux sens médical et familier du terme, il reste que le mal réside dans cette petite ville, sans ironie aucune. J’en suis ressortie vaguement écœurée et surtout salie par toutes ces perfidies et ce réalisme confondant dont le lecteur n’a jamais accès d’habitude, par exemple les poils laissés dans la salle de bains d’une chambre d’hôtel, les tâches douteuses sur la moquette, et encore et toujours ces scarifications qui ne peuvent pas laisser de marbre.

L’intrigue n’est alors là que pour mettre en relief les habitants de Wind Gap, dont j’aurai pu aller jusqu’à dire que leur dégénérescence est causée par ce repli sur soi-même. Petite ville charmante en apparence, elle renferme les pires vices qu’on pourrait plus attendre dans les quartiers sensibles d’une ville de banlieue. Je suis plus que perplexe en refermant ce livre dont l’épilogue est à l’image du livre, déroutant, dérangeant, et complètement aux antipodes du happy end. Néanmoins, je suis plus qu’étonnée et agréablement surprise par cette première œuvre qui révèle un auteur qui devrait aller loin dans les méandres psychologiques d’une âme torturée et complexe.

Company Man

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Commentaires
P
Celui là il me dit bien...
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