Intuitions, Rachel Ward
Présentation de l'éditeur
Depuis son plus jeune âge, Jem voit des nombres flotter au-dessus des personnes qu'elle croise. C'est le jour où sa mère décède qu'elle en comprend la signification : il s'agit de la date de leur mort. Ce don maudit la pousse à se couper du monde. Jusqu'au jour où elle rencontre Spider...
Que faire d'un don quand il est maudit ?
Mon avis
J'ai délibérément coupé le résumé officiel afin de ne pas révéler trop de spoilers.
Jem est ballottée de foyer en famille d'accueil depuis la mort de sa mère. Assaillie par les nombres des gens qu'elle croise, elle se marginalise et atterrit dans une classe difficile, où se trouve également Spider, un grand Noir trempant dans des affaires louches.
Vu le thème du livre, on aurait pu penser que ce serait une histoire un peu fantastique, un récit digne de Destination finale. Ce n'est toutefois pas vraiment le cas car il s'agit plutôt d'un roman racontant l'errance de deux jeunes paumés, en dehors du système, qui se trouvent et tentent d'avoir une vie meilleure ensemble, grâce à l'amour. Mais la société est dure avec ceux qui ne rentrent pas dans le moule et le parcours est semé d'embûches.
Une fois donc passée la légère déception sur le fait qu'il n'y aura pas de développement profond sur cette histoire de nombres de la mort, on se concentre vraiment sur la dénonciation d'un système où les marginaux sont craints et exclus. Le langage est rude, violent, les rencontres dans la rue sont dangereuses, tout le monde se méfie de tout le monde. Malgré leur airs de durs à cuire, Jem et Spider ne sont que des adolescents isolés, abandonnés, heurtés et blessés par le monde qui les entoure, qui ne les comprend pas et qu'ils ne comprennent pas. La longue avancée de ces deux êtres finalement assez vulnérables est éprouvante à la fois pour eux et pour nous. Cependant, leurs sentiments sont touchants et leur amour, éclos et fragile, en est d'autant plus précieux.
Le rythme est nerveux et la tension est à couper au couteau, de sorte qu'on ne voit pas les pages défiler tellement on est pris dans l'histoire. Il y a un petit ventre mou au milieu, notamment l'échappée de Jem et Spider, qui a tendance à être un peu long, mais cela s'accélère et la fin réserve des moments d'émotion intense et un réalisme cru, ouvrant la porte à une suite qui paraît en Angleterre en juin. Ce roman, sur le destin ou la fatalité, tout dépend de comment on le définit, ne correspondait pas exactement à ce que j'attendais mais se révèle somme toute assez intéressant.