Lost River, Ryan Gosling

8 avril 2015

Lost River

Synopsis

Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une ville engloutie. Billy et Bones devront affronter bien des obstacles pour que leur famille s’en sorte.

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Mon avis

Ryan Gosling est passé pour la première fois derrière la caméra puisqu’il a été à la fois l’auteur du script et le réalisateur du film. Il y a un très important souci du travail dans l’esthétisme du long-métrage, ce qui donne de très belles images et scènes visuelles où les couleurs ainsi que l’ombre et la lumière sont bien mises en valeur. La musique est également mise en avant et est envoûtante. Mais c’est la ville de Detroit, dans laquelle le film a été tourné, qui est au centre de l’histoire, avec une histoire de malédiction qui donne une tonalité de fantastique étrange au film.

Néanmoins, à force de s’appuyer sur l’esthétisme, le rythme ne suit pas, et les longues scènes contemplatives ne permettent pas d’adhérer complètement à l’histoire qui part parfois dans des directions difficiles à appréhender. Ryan Gosling a également mis en scène des scènes morbides et glauques, avec un goût prononcé pour le feu et le sang. A croire qu’on se demande ce que cache les noires pensées du réalisateur…

Les acteurs sont impeccables, Saoirse Ronan en tête, une actrice que j’aime décidément bien, et un Matt Smith méconnaissable en caïd du coin qui terrorise toute la ville.

Je pense que Ryan Gosling s’est fait vraiment plaisir avec ce film, mais gare à ne pas perdre les spectateurs sur cette rivière…

Le film sort aujourd'hui, merci Léa!

Une séance questions réponses a suivi la projection de Lost River en présence de Ryan Gosling et Reda Kateb.

Le film est un conte de fées où les personnages ont des noms caricaturaux et les héros doivent briser une malédiction pour s'en sortir. Ryan Gosling n'a pas cité en référence Ryan Gosling mais Les Goonies, ou en tout cas une version sombre. La frontière entre le rêve et la réalité est mince tout le long du film.
La ville de Detroit est très importante pour le film, c'est un personnage à part entière, une demoiselle en détresse. Ryan venant du Canada, il était fasciné par le mythé américain, le rêve qui est devenu cauchemar avec la crise économique. Il a visité Detroit avec sa caméra 1 an avant le tournage du film et a été touché par la détresse des familles.
Ryan s'est également inspiré du Café de l'enfer (dont il reprend l'entrée du lieu d'ailleurs), ainsi que du Cabaret du Néant et du théâtre du Grand-Guignol, des lieux mythiques parisiens pour le lieu où Billy travaille, et qui montrent les fantasmes les plus sombres de l'être humain.
Ryan a du remonter le film entre sa projection à Cannes et la sortie en salles, car il s'est rendu compte que la musique de certaines scènes qu'il avait tournées n'était pas libre de droit, donc il a du les supprimer.