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Le monde de Francesca
10 août 2008

Modus operandi, Marin Ledun

Modus_operandi

Présentation de l'éditeur

Cette ville pue la mort, marmonne l’inspecteur Éric Darrieux, adossé à la portière de sa vieille Peugeot. Tu m’entends, Grenoble ?
La mort par tous tes trous ! Plus de quarante ans que je roule pour toi. Quarante ans que j’use mes semelles dans tes rues et tes escaliers en or gris. Et que m’as-tu donné en échange ?
M.L.

Marginal opiniâtre et alcoolique invétéré, Éric Darrieux enquête sur des disparitions d’enfants à Grenoble. Témoins fuyants, preuves confuses… À travers les brouillards de l’alcool, il poursuit un passé tourmenté dans les méandres de la mémoire urbaine.

Mon avis

Vient le tour de Modus operandi de Marin Ledun. Comment venir après le feu d’artifice qu’a été le premier roman ? Réponse : en changeant totalement d’atmosphère et de mécanisme d’intrigue. Alors que le premier se passait aux Etats-Unis avec une foule de personnages, celui-ci se déroule en France, à Grenoble avec le parcours halluciné d’un seul personnage, figure emblématique du livre.

Eric Darrieux est chargé officieusement d’une enquête concernant des disparitions d’enfants. Après avoir envisagé la fugue, la police craint que ce ne soient des enlèvements perpétrés par un homme. Darrieux sillonne la ville de son enfance à la recherche de témoignages et de suspects. Alcoolique notoire, souffrant du dos, il a été muté à Grenoble, loin de sa femme et ses 2 enfants, et ne travaille qu’en solo. Darrieux incarne l’antihéros parfait dont l’aspect n’est pas vraiment reluisant mais qui conserve son intégrité dans son travail et tient à tout prix à retrouver les jeunes disparus.

L’évolution de l’intrigue est lente, torturée, entrecoupée de passages avec la narration d’une victime, puis d’un tortionnaire, ce qui rend le texte glaçant et effrayant. Certaines allusions, qui deviennent de plus en plus explicites d’ailleurs, rendent d’ailleurs cette histoire encore plus choquante qu’un thriller avec un tueur en série comme il y en a pléthore sur les rayons. Car le véritable sujet de ce roman, tapi dans l’ombre, que le lecteur comprend au premier coup d’œil et qui rend mal à l’aise, est celui de la pédophilie. L’immersion dans la tête d’un enfant puis de son bourreau, même durant de brefs passages, de plus en plus violents, choquera la sensibilité de certains et rendra mal à l’aise les autres. Impossible de ne pas réagir face à cela, mais impossible non plus de ne pas connaitre le dénouement de l’histoire.

Alors que l’on s’acheminerait vers la conclusion de l’enquête, avec un Darrieux à bout de nerfs et de plus en plus incontrôlable, le rebondissement final est tout à fait stupéfiant, et totalement imprévisible, même aux lecteurs les plus chevronnés en matière de romans policiers. Les explications surviennent tardivement et de manière un peu trop rapides mais la stupeur est tellement forte qu’on ne peut pas s’empêcher de repasser le fil de l’intrigue dans sa tête pour comprendre certains passages. Ce procédé d’écriture a été utilisé à de maintes reprises, mais lorsqu’il fonctionne, la réussite est toujours plus éclatante et le roman en sort grandi. Pourtant, même si cet épilogue est éblouissant, le récit reste néanmoins brouillon avec une évolution erratique de l’histoire, à l’image de Darrieux et ses allées et venues entre le bar le plus proche et les visites chez des témoins. Le défaut est de jeunesse, normal puisqu’il s’agit du premier roman de cet auteur dont on n’a pas fini de parler. Avec un peu plus de bouteille (mauvais jeu de mots désolée) et de pratique, Marin Ledun est un auteur qu’il faudra suivre.

Modus operandi

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Commentaires
F
Bonjour Brize!<br /> <br /> Non, je n'ai pas encore lu Marketing viral mais je le lirai un de ces jours, c'est certain!<br /> <br /> Pour Modus operandi, c'est vrai que c'est un livre difficile à lire mais il ne verse pas dans le glauque ou le pathétique, ce qui est une belle prouesse de la part de l'auteur.
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B
Ton billet (auquel j'arrive par le lien donné par Chris89) me permet de me rendre compte que ce livre, trop dur, n'est pas pour moi (dommage, je rate une intrigue brillante).<br /> En revanche, cela fait un moment que "Marketing viral", du même auteur, me tente. L'as-tu lu ?
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F
Je suis moi-même ravie que vous soyez passé par mon blog et que vous ayez pu lire ma chronique, c'est un grand honneur de pouvoir être en contact avec des auteurs.<br /> Je n'ai pas encore eu l'occasion de lire votre deuxième livre qui est paru très récemment mais je ne manquerai pas d'en parler ici lorsque je l'aurai entre les mains.<br /> <br /> Bonne continuation dans votre carrière qui je l'espère sera étincelante. ;)
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M
Chère Francesca,<br /> J'ai pris un grand plaisir à lire votre note de lecture argumentée sur M.O. que je trouve d'une grande justesse. J'ai le net sentiment que vous n'êtes pas passée à côté de ce roman noir, très noir, bien plus noir que thriller, vous l'avez très bien compris. Comme vous avez deviné aussi quel était l'objet de ce roman, et non son prétexte. Entre temps, mon deuxième roman, un thriller intitulé Marketing Viral, a été publié. je suis curieux de savoir ce que vous en penserez si d'aventure il est amené à faire partie de vos lectures.<br /> Bien à vous,<br /> M.L.
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