Je ne suis pas un serial killer, Dan Wells
Présentation de l’éditeur
1) Ne pas regarder les gens trop longtemps.
2) Ne pas éviscérer les animaux.
3) Ne nourrir que des pensées positives.
Son psy en convient, John Wayne Cleaver est sociopathe. À 15 ans, le charmant jeune homme fait de son mieux pour contrôler ses pulsions homicides, règles à l'appui. Ce qui n'a rien d'évident : sa mère tient le funérarium local. Là justement ou finissent les victimes du « démon », serial killer décomplexé en pleine furie meurtrière dans sa ville.
John est peut-être le mieux placé – et pour cause ! – pour l'arrêter...
Mon avis
Le résumé m’avait bien appâtée et j’ai passé un très bon moment de lecture en découvrant ce personnage complexe et fascinant.
John est un adolescent obsédé par les tueurs en série. Il connait tout de leurs histoires, leurs modes de fonctionnement et leurs victimes. C’est un solitaire et il n’a qu’un ami, Max, le seul à l’accepter, et parce que ça fait plus normal que d’être seul. Il adore assister sa mère et sa tante pour l’embaumement des corps dans le funérarium familial. Il a des pulsions violentes mais a élaboré des règles pour ne pas franchir la ligne, comme il l’explique au psychiatre qui le suit.
On suit avec fascination l’histoire d’un personnage dont on sent avec certitude qu’il pourrait être aux prémices d’actes terribles, encore guidé par une conscience morale qui s’efface peu à peu néanmoins. On est à la fois amusé et effrayé par ses pensées, qui peuvent dévier à tout moment. Mais s’il pense ne ressentir aucune émotion et être asocial, on comprend qu’une partie de lui reste vulnérable et jeune, il a encore besoin de sa mère, de son ami, et a même de l’attirance pour une fille. Cela ne veut pas dire qu’il ne finira pas par tuer, mais il a encore cette étincelle qui le retient. Néanmoins, le monstre est tapi en lui et n’attend plus que de sortir, surtout avec les meurtres qui se passent chez lui.
La psychose nait donc dans la petite ville avec un tueur en série qui sévit. Les détails sont parfois bien gore, mais ce n’est pas non plus une atmosphère trop sombre, il y a des touches d’humour dans le récit. Si John se met en tête de traquer le meurtrier, ce n’est pas la recherche de son identité qui centre l’histoire, mais les réactions de John face à cette enquête. John souhaite arrêter ces meurtres mais cela a des conséquences sur son équilibre mental. John franchit un cap et on ne sait pas s’il va basculer de manière irrémédiable ou pas. Il y a une orientation concernant la nature de l’assassin qui m’a laissée un peu perplexe, étant de trop, mais cela n’empêche pas de mettre de l’émotion dans ce récit, alors que John pense en être dépourvu, on sait que ce n’est pas vrai.
C’est donc un roman qui mélange jeunesse et codes du thriller adulte qui est bien construit et sympathique à lire, avec la construction et l’évolution d’un personnage adolescent dont on sent bien qu’il pourrait devenir un meurtrier de sang-froid mais qui a encore une conscience et une innocence… pour le moment.
Une suite, Mister Monster, est parue en grand format.